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  • Photo du rédacteurL'école de la Voie

Couper



Couper… Couper les fils…

Couper les fils qui sont ici, en moi

ceux qui brident mon cœur

qui m’étouffent la gorge

qui ligotent le corps

qui empêchent le mouvement

et qui me saucissonnent

qui m’étriquent

et s’emmêlent

pour que tout soit brouillé…

Fils tricotés par mes soins me formant une armure

qui me ligaturent pour que rien ne dépasse …

pour que rien ne s’exprime

tant la bouche est cousue

Pas un souffle.

Douleurs à l’intérieur

Indicible et Mots infranchissables

Rien de tout cela

n’a pu voir le jour

tant la pelote est dense.

Alors oui, couper ces fils

Telle est ma tâche du jour

Encore et puis encore

Jusqu’à ce que plus rien n’empêche

Le soupir, La voix de s’exprimer, Le rire d’éclater.

Discrètement et consciemment, je coupe et je recoupe

Tous ces fils d’acier, ces fils de barbelé.

Je dois vivre l’effroi de descendre au fond

Et ne plus m’accrocher

Pour me laisser glisser le long de cette corde

Jusqu’au tréfonds du fond

Là où ça sent la merde et où ça pue la mort

Là où j’ai fait semblant

Où mon corps bafoué n’a plus jamais senti

Je dois aussi oser retraverser tout ça

Le voir dans son entièreté

Pour que mon corps retrouve enfin la vie en lui

Me regarder en face, me regarder au fond

Pour que cesse le mensonge la honte et la détestation

Pour accepter l’oubli. Je dois vivre l’oubli, quitter la culpabilité

D’avoir participé, et l’avoir maltraité

Pour que rien ni personne ne m’atteigne à nouveau

Se joue de moi ainsi.

Et puis il y a aussi

Tous les fils du passé, les fils de la mémoire

Les fils qui sont ancrés et ceux qui ont tissé

La trame reliée à ceux que j’ai aimé et dont je suis issue.

Les voir tels qu’ils étaient, sans les juger ni même les justifier

Pour que les êtres aimés enfin puissent partir

Accepter qu’ils soient morts

Et ne plus cultiver le souvenir en moi pour les garder vivants

Il est de mon devoir de les laisser filer.

Ces fils là aussi il me faut les couper

Seul à ce prix je vais pouvoir gouter

Le neuf renouvelé, le vierge de l’instant.

Je dois vivre la perte

Ne plus m’y accrocher, et me laisser glisser

Le long de cette corde

Jusqu’au tréfonds du fond

Je dois vivre l’oubli

De les savoir partis,

Et vivre dans mon cœur

Un amour sans prison

Ouvert à tout moment.

Avec vous les Amis

Je me suis sentie née, accouchée de moi-même

Et d’avoir senti ça, ça a pris chair au fond.

Je dois cultiver ça jusqu’à nos retrouvailles

Couper, couper encore couper…

Je m’attèle à couper, à regarder saigner

Mon cœur, mes tripes au fond.

Couper parfois m’effraie, je sens que ça fait mal

Et je sens que j’ai peur de n’avoir le courage d’aller au bout du bout.

Et parfois même le doute est là, je le sens

Je suis un peu perdue, l’envie de me planquer m’habite à nouveau.

Et puis je sens une force qui m’invite à poursuivre

Je me dois de couper, de regarder en face, de regarder partout

J’accepte d’y aller et ça me fait pleurer, trembler, et même vaciller

Il me faut de l’Amour pour me voir en entier

Quitter la dureté

Et accepter enfin de bercer cette enfant ésseulée et blessée.

Ainsi peut être me sera t’il donné

Qu’enfin l’ Effacement s’opère

Qu’ Ici trouve sa place

Que Je devienne Feu

Que Je devienne Amour

Et même contagion.

Amis l’écrire, le partager, m’aide et m’engage à poursuivre. Et j’ai besoin de vous, et je m’appuie sur vous pour avoir le courage sans cesse renouvelé, de manier les ciseaux, chaque jour sans relâche, car avec vous Amis, j’ai expérimenté en mon cœur la clarté et la joyeuseté.

Je sais qu’en coupant tout, mon cœur va se rouvrir, l’amour va m’accorder l’amour le pardon et la paix.

Vous êtes mes témoins et vous m’êtes soutien

Merci à vous Amis d’être là en chemin.

Claire-Lise


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